LA RÉPARTITION DE LA TERRE #4
Festival Supervue, Liège, 2019
Pour le Festival Supervue, le groupe a choisi à l'unanimité : la foule. Quand on sait qu'en 1999, Kasparov, champion du monde d'échecs a failli perdre contre 50 000 personnes, qu'une foule a su deviner le poids d'un bœuf en 1906 et qu'elle a, aujourd'hui, créé la plus grosse encyclopédie au monde, comment ne pas rêver de La Sagesse des foules ? Supervue 2019 c'est 5000 personnes, alors pourquoi ne pas imaginer, construire et créer une oeuvre d'art à travers l'intelligence collective générée par ses participants.
« La sagesse de la foule » permet, d’après des expériences scientifiques, de toujours trouver les réponses exactes à des questions d’ordre numériques.
Tout au long de cette semaine nous avons tenté d’utiliser ce principe pour créer une oeuvre d’art, sachant que celle-ci sera toujours subjective.
La pièce est construite sur un lieu de passage, comme un monolithe abandonné sur lesquels les passants peuvent marcher. Lorsque l’on monte dessus, notre perception des choses qui nous entourent changent.
Lorsque le soleil brille, elle devient un endroit brûlant et inhospitalier, rappelant la surface du soleil, de loin elle ressemble à un mirage. La nuit elle reflète le ciel et devant lui notre propre reflet.
Elle est à la fois un territoire inexploré sur lequel les gens choisissent d’agir, et un espace qui laisse place à l’imagination et la subjectivité de chacun par rapport à l’idée qu’il s’est faite de l’oeuvre en question.
Le miroir posé au sol accueille les pas des passants et se transforme, s’abîme, se polie. S’imprime alors à sa surface la trace d’un passage, la mémoire de la foule durant le festival.
LA RÉPARTITION DE LA TERRE #3
Galerie Zsenne, Bruxelles, 2019
Serions-nous arrivés à une réunion de consommateurs qui mettent à mort les objets de leurs quotidien ? Où serions-nous les témoins d'artistes rassemblé qui cherchent à être ensemble?
Cette matière artificielle est un terreau pour ces pâles automatisés qui rejettent, éjectent ou repoussent sans cesse ces débris de couleur. Chacun est ici l'initiateur de son propre espace à définir. Seul la contrainte de l'autre est palpable : tantôt ils se frôlent, se percutent ou s'enlacent. Si les conflits et les inégalités sont présents, ils semblent en accord. Ils ont ce souffle commun qui tentent de prendre possession de l'espace dans une danse perpétuelle. Ils font acte de présence, insufflent leur mouvement, bourdonnent leur présence et manifestent leur dur labeur. La prise de territoire est hasardeuse et parfois violente mais elle permet de façonner à elle seule un paysage de couleur, où nuances et textures retrouvent leurs états premiers. Elle répartit la matière dans un mouvement continu et perpétuel.
Ces pâles presque machine semblent le faire ironiquement en toute liberté dans ce jeu que l'Homme joue.
Acte 1 - Exposition, Galerie Zsenne
Acte 2 - Performance, Place du Jeu de Balle
LA RÉPARTITION DE LA TERRE #2
Silorama, L’immeuble, Marseille, 2018
Avec le soutien d’Art-o-rama
L'exposition Silorama a eu lieu dans l’enceinte des silos des moulins à farine Storione ; zone industrielle et désertifiée où trainent voitures et camions en réparation et où cohabitent des bâtiments vacants de la mairie, des bureaux et des ateliers d'artistes. Cette ouverture d’atelier était l’opportunité de poser un regard sur cet espace presque oublié des grandes rénovations prévues pour ce quartier de la joliette.
À y regarder de plus près, si cet îlot pérennise, s’est bien évidemment grâce à cette méga-entreprise que sont les moulins Storione, construction séculaire qui empêche un paysage plus moderne, plus contemporain, plus pratique et plus rentable. Or, on sait de manière générale que le mode opératoire le plus simple et surement le moins onéreux pour la réhabilitation d’une structure ou d’un espace construit, est sans nul doute de détruire tout, tout raser, tout effacer, tout aplatir pour tout recommencer.
C’est ce qui s’est déjà passé sur cette zone de Marseille en 1856, lors des travaux de réhabilitation de la vieille ville dans le quartier de la Joliette par le banquier et financier Jules Mirès : 935 maisons et 28 rues furent détruites. 60 000 habitants furent expulsés. L’histoire est une répétition d’elle-même ; ce qui s’est passé se passera encore.
Pour Silorama, cette ligne lumineuse qui traverse l’espace et le scinde en deux ne fait qu’évoquer cette rue qui autrefois était présente. Une manière de rappeler que rien n’est immuable.